Tu t’apprêtes à vivre deux des plus grandes aventures de ta vie, et leur compatibilité est fragile : la paternité (maternité) et le ministère.
L’une comme l’autre demandent un engagement profond, de l’énergie, du cœur et beaucoup de prières. Et tu découvriras bien souvent que cela te demandera plus que ce que tu pensais pouvoir donner.
Les attentes seront grandes. Des deux côtés. Tu seras sur-sollicité, parfois idéalisé ou critiqué.. On attendra de toi que tu sois sur tous les fronts, que tu serves sans relâche, que tu donnes sans compter et même là personne ne sera satisfait..
La vraie question est : comment concilier les deux ?
Ton Église entendra tes sermons… mais ce sont les cœurs de tes enfants qui porteront l’écho de ta vie. Alors gagne leur cœur. Pas seulement celui du monde.
Voici quelques conseils que nous aimerions te partager, en tant qu’enfants de pasteur ayant grandi dans ce double univers que tu t’apprêtes à vivre. Sois présent. Sois aimant. Sois fidèle.
Avec affection et vérité,
Des enfants de pasteurs
🦶— Le fondement qui soutiendra tout le reste
Tu seras, à bien des moments, celui vers qui l’on se tournera pour obtenir des conseils, recevoir la prière ou chercher des solutions. C’est une belle responsabilité, mais veille à ne pas tomber dans l’illusion de la suffisance. Cultive une véritable humilité. Il n’est rien de plus pesant, pour un enfant, qu’un parent-pasteur fermé au dialogue, inflexible ou incapable de reconnaître ses propres limites. La lucidité sur soi-même, accompagnée d’honnêteté, est une force, non une faiblesse.
Et si je ne devais te donner qu’un seul conseil, ce serait celui-là : prends soin de toi. Investis dans ta croissance personnelle.
Le chemin qui t’attend va te demander beaucoup émotionnellement, spirituellement, humainement. Tu devras sans cesse élargir ta capacité d’accueil, de réflexion, de patience et d’amour.
✅ Dans un monde où on valorise la performance mais pas la vulnérabilité, n’aie pas peur de demander de l’aide :
– Ne laisse pas les difficultés s’installer avant de réagir.
– Tu n’es pas appelé à tout porter seul.
– Forme-toi,
– Cherche un mentor
– N’hésite pas à consulter un thérapeute lorsque cela s’avère nécessaire ou que tu te sens limité par des fonctionnements intérieurs.
Les super-héros n’existent pas, mais ceux qui savent se remettre en question, s’entourer et se faire accompagner tiennent mieux dans la durée… et avec paix.
👨👩👧👦 1 – La famille est ton premier appel
La position de pasteur est perçue et souvent vécu comme un ‘appel’ pas simplement comme un ‘travail’. L’appel est un terme lourd qui sous-entend que Dieu lui-même vous à placé dans ce rôle à part. Celà peut être problématique lorsque l’appel est élevé à une place auquel il n’était pas destiné. Dieu appelle des chrétiens à publier des livres, travailler dans les hôpitaux, la construction, ..
✨L’appel de servir Dieu en tant que berger est un appel ‘unique’ mais pas ‘supérieur’ à ceux des autres.
Lorsqu’on élève cet appel au-delà de la place qu’il est censé occuper, on finit par justifier des comportements qui, dans n’importe quel autre métier, seraient jugés excessifs
(comme travailler 80 heures par semaine, par exemple).
Une partie de la ‘pression’ provient des attentes posées sur les pasteurs, mais la grande partie est auto-infligée ou simplement adoptée avec le temps.
1️⃣Vous avez besoin de réaliser que votre premier appel est votre famille, pas votre église. Oui l’église appelle aussi et trouver l’équilibre entre les deux est difficile. Ta famille à besoin du meilleur de ton temps et de ton énergie, le meilleur de ta passion et ton attention.
Ton sermon n’est pas plus important qu’une crise identitaire dans la vie de tes enfants (ou de ta femme).
Ta famille est ta première église — celle que Dieu t’a confiée avant toute autre. Tes enfants ne sont pas des interruptions à ton appel. Ils en font pleinement partie.
Réorganise ton emploi du temps selon l’ordre voulu par Dieu : Christ → Famille → Ministère.
Car si quelqu’un ne sait pas gérer sa propre maison, comment pourra-t-il s’occuper de l’Église de Dieu ? —1 Timothy 3:5 (NFC)
🚩2 – Ne deviens pas un père absent
C’est une vérité douloureuse : les pasteurs et pères chrétiens peuvent devenir des pères absents sans même s’en rendre compte. Ce n’est pas parce qu’on cherche à négliger sa famille, mais petit à petit, presque sans s’en apercevoir, cela arrive à cause de la surcharge, des distractions, des priorités mal placées, ou même d’un faux sentiment d’accomplissement spirituel.
Pose-toi la question sincèrement :
Quand ai-je vraiment passé du temps de qualité, sans précipitation, avec mon enfant ? (précision ; temps de qualité d’après les standards de ton enfant pas des tiens)
Ce n’est pas toujours une absence physique. Un père peut être là, dans la maison, mais absent dans son cœur.
👉 Peut-être es-tu :
– Distrait par les écrans, les sermons, les plannings
– Indisponible quand tes enfants veulent te parler
– Peu intéressé par leurs passions, leurs questions, leurs émotions, ce qu’ils sont et pas comment tu les perçois
Sors du boulot et sois là pour tes enfants.Sois intentionnel. Ne te contente pas d’être présent : connais leur emploi du temps, leurs habitudes quotidiennes. Sois engagé.
Note : Tu trouveras un dernier conseil pratique, plus bas concernant la gestion de ton planning.
🎤2 – Des conversations, pas des sermons
Des sermons de ta part ils en ont entendu et vont encore en entendre, ils écoutent aussi les conseils que tu donnes aux chrétiens lors des conversations à la fin du culte, celles lors des repas lorsque vous êtes invités, avec les inconvertis : ils t’écoute bien plus que ce qu’ils ne laissent paraître et ce sont les personnes à qui tu as le plus prêcher sans t’en rendre compte. A la maison ne cherche pas à leur faire la leçon : intègre simplement une vision biblique du monde dans vos discussions. Aide-les à voir que la Parole fait partie de la vraie vie.
Lors de vos conflicts, retient que la correction sans la connection ressemble à du rejet
N’essaye pas de les briser, car tu vas y arriver mais le résultat ne sera pas celui espéré..
😉Pour finir, une conversation est un échange : tes enfants sont aussi les outils voulus par Dieu pour t’en apprendre sur eux mais aussi sur lui.
Et vous, parents, n’exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des conseils inspirés du Seigneur. — Ephesians 6:4 (NFC)
📖 3 – Étudies-les
Plus tes enfants grandissent, plus il est plus difficile de rester proche de tes enfants. Mais prends le temps de les étudier aussi sérieusement que ton lexique grec — ça en vaut la peine.
Ton fils ado apprécierait peut-être une sortie pizza ou un match de foot à la télé. Ta fille aimerait peut-être faire du shopping ou juste prendre un café avec toi :
Apprends à les connaître, connait leurs intérêts, leurs passions, ce qui les inquiète ou fait réagir.
Les ados peuvent être durs et donner l’impression que rien ne les touche. Mais ces petits gestes, faits avec constance, laisseront leurs traces et tu en récolteras les fruits dans votre relation.
👉 Prends un moment pour réfléchir sincèrement :
Sais-tu ce que ton enfant vit au fond de lui, sur le plan spirituel ou émotionnel ?
👌5 – De la cohérence : entre ce que tu prêche et fait
Personne ne détecte mieux l’hypocrisie que tes enfants (et ta femme/ton mari). Et rien ne te décrédibilise plus vite que l’inconsistance entre tes paroles et tes actes :
– Si tu insistes sur l’intégrité depuis l’estrade, mais que tu embellis la réalité ou caches certains aspects de ta vie à l’église, tes enfants apprendront qu’on peut mentir pour “le bien du ministère”.
– Si tu prêches l’amour du prochain, mais que tu parles avec dureté ou indifférence à ttes enfants ou à propos des autres, ils n’entendront plus ton message. Il le verra se contredire sous ses yeux.
Ce que les enfants recherches chez leurs parents ce n’est pas la perfection, mais l’humilité de reconnaître leurs torts et leurs zones de progressions (et de vous voir progresser)
En demandant pardon à tes enfants, par ton humilité, tu deviens pour ton enfant une image concrète de la grâce que tu annonces.
💝Une des grâces dont les enfants de pasteurs ont besoin, c’est une seule norme morale pour tous. Trop d’entre nous ressentons le poids du rôle pastoral de notre père dans notre propre vie morale.
Les critères bibliques pour les anciens de Tite 1: 6 deviennent une menace : « Il faut que l’ancien soit irréprochable,… et que ses enfants soient croyants, qu’on ne puisse les accuser ni de vie débauchée ni d’insubordination. »
Ces exigences sont les mêmes pour tous les chrétiens (sauf l’aptitude à enseigner) mais aucun autre père ne risque d’être discrédité dans son emploi parce que son fils est rebelle : le nôtre oui. Cette pression en plus ne nous aide pas. Elle crée un chaos intérieur, entre la tentation de se rebeller et celle de jouer les hypocrites, tout en voulant honorer Jésus… et papa.
Vous nous aidez quand vous nous laissez le droit de nous tromper, et même celui de traverser des doutes dans notre foi.
👍Nos conseils pratiques
➡️ Tu es en charge de ton planning
‘Je n’ai pas le temps, les gens ont besoin de moi’ : ne laisse pas ces mensonges prendre le dessus, You are the primary decision maker. tu es celui qui crée bien souvent le planning, organise les événements, peu dire oui ou non à un projet, une conférence, déplacer les horaires, …Il y aura toujours des évènements mais les années de tes enfants elles vont passer. Il y aura des engagements incompressibles mais ils sont minoritaires par rapport à ceux qui peuvent être déplacés, arrangés ou délégués.
Rater du temps en famille est inévitable dans tous les travails, mais il est reconnu comme problème lorsque ces absences deviennent la norme et le métier de pasteur ne devrait pas être une exception.
Ne laisse pas l’église et les chrétiens te mettre la pression : la famille est aussi importante. Quel sens y a t il à vouloir sauver le ‘monde’ si tes propres enfants n’ont pas l’attention nécessaire de la part de leur père, image principale sur terre de Dieu ?
➡️ Ai des amis (pas juste dans tes collègues pasteurs)
L’une des choses les plus difficiles dans le ministère est d’être connue pour ce que nous sommes. Nous sommes connus en tant que personnalités mais si l’on met de côté les collègues pasteurs, les chrétiens engagés vu régulièrement, quels sont vos amis ? Cela finit par déteindre sur les enfants qui pensent que les relations amicales sont faites de services, qu’il y a forcément des attentes directes ou indirectes attachés aux relations d’amitié et dans l’impossibilité de demander de l’aide quand ils en ont besoin. Cela nous rend aussi incapable d’être redevable et donc de progresser correctement dans notre vie personnelle. Les EDP ont aussi besoin de voir leurs parents vivre une vie en dehors de l’église, voir que l’église ne fait pas toute leur identité
➡️ Ne cite pas en exemple tes enfants dans tes prédications
Une anecdote pour illustrer ‘parfaitement’ ce que tu souhaites communiquer : ne le fait pas. La vie, les passions, les choix judicieux ou douteux de tes enfants, leurs combats et leurs défauts de caractères sont les leurs et appartiennent à la sphère privée ou la sphère qu’ils se choisissent. Nous n’avons pas demandé à être enfant de pasteur et encore moins à être une figure publique. Tout ce que les autres ont comme informations devrait se faire uniquement au travers des intéractions directes et expériences avec les uns et les autres et non pas au travers d’un sermon.
D’ailleurs en parlant d’interactions : protèges les dans la manières dont tu réponds aux questions bien intentionnés de nombreux chrétiens : ils n’ont pas besoin de savoir comment tes enfants vont dans leur vie professionnelle, amoureuse, … si ils se questionnent sérieusement ils peuvent directement poser leurs question à la personne concernée.
Source : Certains points on été tirés de l’article écrit en Anglais par Barnabas Piper.
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