Comment se construire quand on grandit en tant qu’enfant de pasteur ?
Être enfant de pasteur, ce n’est pas une identité, une étiquette qu’on choisit : C’est une réalité qu’on hérite – dans la majorité des cas – dès la naissance – souvent – belle, mais parfois lourde à porter, un rôle à jouer, parfois même une posture à tenir.
Un rôle qu’on n’a pas choisi, mais qu’on endosse, un peu par loyauté, un peu
par automatisme. Un rôle que la communauté, la famille, et parfois nous-mêmes, nous sentons obligés de jouer sans jamais faillir.
Dès l’enfance, cette image nous précède. Et parfois, sans même s’en rendre
compte, on commence à jouer un personnage, à enfiler un masque social.
Et à force de vouloir bien faire, on finit par se poser cette question simple mais vertigineuse :
“Qui suis-je, vraiment ?
Grandir sous le regard des autres : plaire à tout prix
Dès le plus jeune âge, on comprend qu’on représente quelque chose de plus
grand que soi. Un modèle. Un exemple. Quelqu’un qui doit être irréprochable. Pas seulement notre famille.
L’intimité devient vite publique. Et quand tout le monde te regarde comme un modèle… tu finis par vouloir correspondre aux attentes.
Pour ma part j’adoptais leurs mimiques, leurs goûts, leurs avis, leurs envies. Je devenais une version différente de moi-même, une sorte de caméléon, un caméléon émotionnel, changeant selon la personne en face de moi, pour ne pas décevoir.
Ce besoin de reconnaissance finit par façonner une image parfois loin de ce qu’on est au fond. Peu à peu, on apprend à faire attention. À lisser ses émotions. À ne pas faire de vagues. On devient “sage”, “posé”, “responsable”. Mais parfois, ce n’est pas une maturité choisie : c’est une pression intériorisée.
🕶️Le masque : de l’Église au quotidien
À force de se conformer à ce qu’on attend de nous, on perd le contact avec
qui l’on est vraiment. Au départ, le masque s’active surtout à l’église. Dans le bâtiment. Devant les gens. On sourit. On sert. On reste sage, discret, utile.
On apprend à répondre “ça va”, même quand ça ne va pas. À faire bonne figure, à être fort, alors qu’on aurait besoin de pleurer.
Mais très vite, ce masque dépasse les murs de l’Église.
Il s’installe dans les relations amicales, les études, le couple, parfois même
jusque dans nos loisirs. Je me surprenais à ne pas dire ce que je pensais. À cacher mes goûts, mes questions, mes émotions. Je ne savais plus si ce masque était encore un simple déguisement… ou s’il était devenu une seconde peau.
✅ Une identité à redéfinir
“Tu as le droit d’être toi. Aujourd’hui, tu seras toi. Et c’est comme ça qu’on
t’acceptera.” Cette phrase, je me la répétais sans cesse devant le miroir.
À force de porter ce masque, de s’ajuster sans cesse, on perd de vue son propre reflet.
Il est important de se rappeler que cette étiquette, “enfant de pasteur”, n’est
qu’une partie de notre identité. Ce n’est pas une identité complète. C’est une partie de nous, importante, mais pas suffisante pour définir toute notre personnalité, nos rêves, nos luttes, nos aspirations.
On a le droit de se poser ces questions :
– Qui suis-je, en dehors du regard de mes parents ou de l’Église ?
– Quels sont mes choix à moi, mes convictions personnelles ?
– Est-ce que j’ai le droit de douter, de me tromper, de ne pas savoir ?
La réponse est : oui.
Il est temps de le dire clairement :
Tu n’es pas que “le fils de” ou “la fille de”.
Tu es une personne entière, complexe, en devenir.
Tu peux croire, douter, aimer, changer d’avis.
Tu as le droit de poser des questions, de faire des choix différents, d’explorer ta
propre voie.
👐 Se libérer sans rejeter
Se libérer du masque, ce n’est pas trahir ses parents, ni sa foi, ni son éducation. C’est simplement se rapprocher de soi, pour vivre une vie plus vraie, plus alignée. Il s’agit de se libérer de l’obligation d’être parfait.e, pour avancer dans une relation plus vraie avec soi-même – et avec Dieu, si la foi reste une partie de notre chemin.
Oser être vulnérable, c’est aussi faire preuve de courage.
C’est apprendre à dire : “Je ne vais pas bien aujourd’hui.” “Je ne suis pas sûr.e.” “Je ressens autre chose.” Cela demande du courage, mais c’est aussi un acte d’amour envers soi-même
➡️Et maintenant ?
Si tu te reconnais dans ces mots, sache que tu n’es pas seul.e. Beaucoup vivent ou ont vécu cette tension entre rôle attendu et désir d’authenticité.
Alors, où en es-tu avec ton propre miroir ?
– As-tu déjà eu le sentiment d’être enfermé.e dans un rôle ?
– As-tu dû porter un masque pour qu’on t’accepte ?
– As-tu eu peur d’être toi, simplement ?
N’hésite pas à partager ton expérience. Parfois, parler, c’est déjà commencer à se libérer.
Et si tu es parent ou proche, merci d’ouvrir ton cœur pour écouter sans juger. Parce qu’être accepté.e pour ce que l’on est vraiment… c’est la plus belle des libertés.
Si tu as envie de partager ton vécu, écris-nous.
Parler, c’est déjà exister autrement.
Et si tu es parent ou proche d’un enfant de pasteur : merci d’avoir lu jusqu’au bout. Merci de chercher à comprendre.
Merci d’ouvrir un espace pour écouter, sans jugement.
Parce qu’être aimé.e pour qui l’on est vraiment… c’est le début de la liberté
👇Cet article a été pensé comme le prolongement de ce premier épisode du podcast enRéflexion #1_Le masque que je portais sans le savoir
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Collectif #EDP
Le Collectif #EDP est composé d’Enfants De Pasteur devenus adultes souhaitant agir pour un changement positif dans la condition d’enfant de pasteur au travers de ressources et initiatives.